Dans le passé les faux-monnayeurs issus du grand banditisme faisaient tourner des imprimeries clandestines implantées dans les régions de Marseille, de Paris et, dans une moindre mesure de Lille. Utilisant un précieux papier de qualité « vélin Japon », les voyous souvent des braqueurs reconvertis, faisaient tourner des machines offset avec la complicité de virtuoses de la photogravure.
Une époque aujourd’hui révolue. Dès les années 1990, l'explosion de la micro-informatique a bouleversé la donne. Les quelques grosses imprimeries clandestines ont cédé le pas à de petites unités de production en chaîne graphique à domicile. L'ordinateur est dans un appartement, l'imprimante dans un autre et les fichiers sont dissimulés dans les puces de téléphones mobiles.
Pas moins de quarante officines clandestines ont été démantelées l'année dernière en France, soit 30% des saisies en Europe. « Environ un tiers des faux billets interceptés sortent de ces petites chaînes graphiques, confie un expert bancaire. Les 70 % restants proviennent en majorité d'Italie du Sud où les rotatives tournent à plein régime, de Bulgarie et de Grande-Bretagne, dont la production inonde depuis des années le Nord et le Pas-de-Calais.»
Les billets de 20 et 50 euros sont les plus copiés, en raison de leur facilité à être écoulés. Ils sont négociés par une nuée de «vendeurs au détail» entre 20 à 40 % de leur valeur faciale, en fonction de leur qualité.
Bien que parfois médiocres, les falsifications sont de qualité assez suffisante pour leurrer consommateurs et commerçants. Certains faux-monnayeurs, parmi les plus astucieux, parviennent depuis peu à cloner le filigrane ou reproduire à s'y méprendre le très subtil encrage à variabilité optique, passant de la couleur pourpre à celle du bronze en fonction de la luminosité. Tour à tour, presque tous les signes de sécurité incorporés, pourtant présentés comme « inviolables », ont ainsi été imités.
Au point que pas moins de 900 types de faux billets ont été saisis et recensés en France.
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